Animint

  Anime & manga

 
 
“Animint traite des dessins animés japonais et du manga. Outre ce blog, le site comporte plusieurs milliers de pages de texte illustré.”

Salon du Livre 2014: Kaori Yuki et Kaoru Mori

Par le :: Manifestations

2014

Le Salon du Livre de Paris avait lieu ce week-end avec un espace Manga Square et quelques animations programmées autour du manga pendant les 3 jours. En 2013, nous avions eu droit à la venue de Fuyumi Soryo, la dessinatrice de Cesare, d'Hikaru Nakamura, la mangaka des Vacances de Jésus & Bouddha et de Takehiko Inoue, l'auteur de Vagabond et Slam Dunk. Cette année sont venues Kaori Yuki, l'auteure d'Angel Sanctuary et Kaoru Mori, la mangaka de Bride Stories. L'une et l'autre ont tenu des conférences publiques le samedi matin.

Salon du Livre 2014

Kaori Yuki

Sa vocation commence très tôt et elle a toujours voulu devenir mangaka dès l'école primaire. Devenue étudiante, elle écoutait régulièrement de la musique occidentale et a pu voir des films de réalisateurs qui l'ont inspirée par la suite Brian de Palma, James Cameron, Tim Burton, entre autres. Son penchant pour le gothique reflète la fascination générale des japonais pour les us et coutumes occidentales, qu'ils cernent difficilement et elle ne fait que s'inscrire dans ce mouvement, quelque soit le domaine, de l'architecture aux vêtements.

Ses mangas shôjô se démarquent des standards avec notamment des séquences sanglantes. La mangaka a parfois des difficultés techniques à composer les scènes mais ce genre de tâche lui plaît vraiment. Sa motivation est d'impressionner ses lecteurs. Faire juste un peu peur, par exemple, ne suffit pas selon elle pour procurer de l'émotion et il faut quelque chose de plus fort, d'où des scènes plus percutantes, en dehors des codes shôjô habituels.

En revanche, les relations ambiguës entre les héros et leurs proches sont là pour rendre les personnages plus intéressants, pas pour changer l'atmosphère. Elle a peut-être inconsciemment pris des types de personnes comme modèles pour ses personnages mais jamais quelqu'un en particulier. À ce sujet, elle a indiqué qu'il ne faut pas croire ce qui est écrit sur sa fiche sur Wikipédia.

Elle part souvent aussi de stéréotypes mais aboutit à un résultat original, pas forcément pour les mêmes raisons. Dans Comte Cain, c'est sa perception personnelle de la noblesse anglaise qui l'a dirigée naturellement vers une vision atypique alors que pour Angel Sanctuary, elle a suivi une démarche plus volontariste, en trouvant l'image habituelle des anges bien terne, qu'elle a tenue à modifier à tout prix.

Angel Sanctuary est sa production préférée, notamment à cause du nombre élevé personnages. Elle est cependant fière et a pris beaucoup de plaisir avec tous ses mangas remplis de scènes d'action.

Salon du Livre 2014

Une autre de ses particularités pour une auteure de shôjô manga est de choisir des protagonistes masculins. Là, elle a rappelé qu'elle avaient écrite différentes histoires avec des héroïnes mais que ses succès se sont produits avec des héros masculins. Elle touche un lectorat mixte mais ce qui l'a le plus surprise en voyage à l'étranger est d'avoir des lecteurs plus âgées qu'elle.

Concernant son voyage en France, son emploi du temps est très chargée mais elle tente d'en profiter pour compléter ses recherches. En effet, Kaori Yuki s'appuie sur des recherches documentaires une fois que le thème est clairement défini avec son éditeur. Elle peut le laisser se charger de réunir les documents mais elle s'implique aussi en voyageant dans les lieux qui servent de bases à son récit. Elle s'est particulièrement investie pour préparer Angel Sanctuary et Comte Cain. Elle a besoin d'un socle réel, qu'elle transforme ensuite avec son imagination. Partir complètement de l'imaginaire romprait l'équilibre. 

L'un de ses projets, qui était en compétition avec son nouveau manga en cours au Japon, Kakei  no Alice, avant que ce dernier soit retenu, repose sur Jeanne d'Arc, qu'elle ne s'interdit pas de reprendre plus tard.

Alice est inspirée du personnage de Lewis Carroll, que la mangaka voulait utiliser depuis longtemps mais l'histoire n'a rien à voir avec le récit d'origine. Le manga débute par une fête cosplayée avant de plonger dans un jeu de survie impitoyable.

Kaori Yuki était accompagnée par son éditeur japonais du magazine Aria, qui est intervenu pendant la conférence pendant qu'elle procédait à sa dédicace publique. Ce dernier résume son rôle à du conseil et de l'écoute, sachant que dans le cas de l'auteure d'Angel Sanctuary, elle est très claire sur ce qu'elle souhaite faire et qu'il a peu de soucis avec elle pour les dates de rendu.

La mangaka doit rendre un chapitre d'une quarante pages chaque mois. Avec l'éditeur, ils se donnent une semaine pour finaliser le storyboard du chapitre avant d'entamer les esquisses des 20 premières pages. Kaori Yuki encre les personnages principaux et les scènes clefs avec un G-pen en jouant sur l'épaisseur du trait. Elle travaille avec 5 assistants pour finaliser les planches, avec notamment l'aplat des trames et le remplissage des zones à encrer totalement. Une grosse semaine après, les 20 premières pages sont terminées et l'équipe enchaîne sur les dessins des 20 planches suivantes. Le lap de temps gagné avant le début d'un nouveau chapitre sert de période de "repos". Kaori Yuki a ainsi rendu son chapitre précédent juste avant de monter dans l'avion pour se rendre à Paris.

Salon du Livre 2014

Kaoru Mori

Elle aussi a eu le passion du dessin très jeune mais elle se destinait plus à devenir une artiste peintre. Son avatar, avec les cheveux en épis, que vous retrouvez dans ses postfaces, date de ses années au lycée, où elle avait croquée un auto portrait devant un miroir.

Dessinatrice de dôjinshi, elle est finalement passée professionnelle avec quelques difficultés à surmonter. Non seulement, elle a du améliorer son trait mais le format plus grand des planches professionnelles par rapport à la taille habituelle pour un dôjinshi l'a perturbée. Elle a l'impression d'avoir laissé trop d'espace vide à ses débuts.

Elle le sens des détails, qu'elle attribue à son caractère obtus et son soucis de tout dessiner correctement jusqu'au bout. Elle apprécie particulièrement les dessins très denses, telles que les tapisseries.

Selon elle un bon mangaka doit déjà mettre les chances de son côté en démarchant les éditeurs, avec comme bagages une bonne technique de dessin, un sens fin du découpage et enfin une forte passion.

Salon du Livre 2014

Elle estime avoir beaucoup de chance avec Enterbrain, qui lui a laissé la liberté de narrer des histoires qui se déroulent en dehors du Japon. Elle est sûre que d'autres auteurs voudraient aborder les mêmes sujets mais que leurs éditeurs privilégient des récits qui se déroulent dans des univers connus des lecteurs, donc au Japon.

Pour Emma, son objectif était d'abord de pouvoir dessiner des soubrettes. L'histoire n'est venue qu'après et d'ailleurs, le thème de la romance provient de son éditeur et l'auteure a du étudier le sujet parce qu'elle n'y entendait rien.

Quant à la genèse de Bride Stories, Kaoru Mori a lu beaucoup de récits de voyages en Asie Centrale, qui lui ont donné envie d'en savoir toujours plus, que ce soit vie des photos ou des expositions. Elle est passionnée par l'artisanat et les processus de fabrication, ce qui transparaît très bien dans Bride Stories, à travers le travail du bois ou les tapisseries.

Le choix de choisir un couple avec un mari aussi jeune est à la fois pour souligner une réalité possible de l'époque et pour susciter la curiosité du lecteur pour suivre cette situation plutôt atypique dans nos sociétés.

Dans un autre exemple, la mangaka avait pensé à un épisode de mariage avec une seule fille mais cela n'avait pas suffisamment d'impact à la lecture. D'où l'idée d'introduire des jumelles à ce moment-là.

Pendant les premiers tomes, la dessinatrice japonaise considère s'être beaucoup attardée sur les jeunes filles et considère avoir fait un peu du fan service pour son lectorat masculin. Elle avait en revanche l'envie de placer des scènes de combats avec des cavaliers depuis le début mais elle s'est retenue jusqu'au tome 6, où là elle s'est lâchée.

Salon du Livre 2014

Kaoru Mori a beaucoup de travailler le personnage d'Amir, qui est le personnage qui transmet selon elle, le plus d'émotion. Son costume est un mélange de vêtements de diverses régions. En revanche, pour les autres protagoniste, elle a respecté les caractéristiques de chaque contrée en reproduisant des tenues traditionnelles, à partir de ses recherches documentaires. Elle a eu des retours d'habitants de la région, qui ont remarqué ses largesses avec la réalité historique mais qui ont trouvé l'histoire plaisante.

À l'aide de copies de ses planches prises à plusieurs étape du processus de création, la mangaka est revenue sur son rythme de travail. Elle livre un chapitre par mois avec une première semaine consacrée aux discussions avec son éditeur sur le schéma général avant d'aborder le storyboard qu'elle fait valider. Une fois cette étape passée, la mangaka est tranquillisée et peut se concentrer sur  le dessin. D'abord le découpage des cases, puis le crayonné. L'encrage est l'étape qui le prend le plus temps, une semaine au minimum. Elle est aidée par deux assistants pour la finalisation et la pose des trames.

La postface suit le même cycle de travail et les quelques pages d'appendice consomme finalement plusieurs jours, avec donc un rendement moindre que les pages du manga.

Avec les dates butoirs, l'auteure est sujette à des périodes de stress et elle se souvient un jour s'être endormie sur sa planche à dessin puis d'avoir rêvé qu'elle avait bouclé son travail. En se réveillant, elle a découvert que rien n'avait avancé et complètement dégoûtée, elle est partie se coucher en décidant d'en rester là pour la journée.

Dans le salon

Le Manga Square réunit les éditeurs du secteurs avec les habituels Kana, Euphor/Ototo, Pika ou encore Ki-oon qui proposait une exposition de travaux de Kaoru Mori. Glénat et Soleil Manga étaient à côté, avec des stands communs avec la bande dessinée franco belge.

En revanche, Kurokawa était réduit un petite étale auprès de la Maison mère, Fleuve Noire et exilé à l'autre bout du salon.

Salon du Livre 2014

Parmi les différentes expositions, vous trouviez des panneaux sur 10 ans de la bande dessinée chinoise, qui reproduisaient des illustrations des lauréats des dragons d'or de 2004 à 2013.

Le cosplay traditionnel s'est déroulé le samedi après midi, avec une plus d'une vingtaine de concurrents et une panne électrique à la régie, qui a interrompu le défilé en cours de route.

Salon du Livre 2014

Je conclurai avec un aparté sur la présence de l'Argentin Quino, l'auteur de Malfada venu recevoir entre autres, la légion d'honneur, à la fin de sa conférence avec Zep, le papa de Titeuf.

Salon du Livre 2014

Discuter de ce billet sur le forum - - Laisser un commentaire »

Cet article vous a plu?

Faites-le connaître ou votez pour cet article sur les sites suivants :

  • anime manga aggregator sama
  • Partager sur del.li.cious
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur Google

Ajoutez votre commentaire:

Merci de bien vouloir soigner votre orthographe et de proscrire le style SMS.


Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

 

↑ Haut de page