Depuis juillet 2018, de nombreuses initiatives autour de la culture japonaise au sens large s'inscrivent dans le cadre de Japonismes 2018, une grande manifestation pour célébrer les 160 ans de relations diplomatiques entre le Japon et la France. Dans la liste, vous trouvez les comédies musicales de Tôken Ranbu de cet été et celle de Sailormoon au début de mois de novembre ou encore le concert Hatsune Miku début décembre. Le mois du manga à Issy les Moulineaux en fait également parti mais d'autres expositions plus traditionnelles sont également au programme avec quelques temps forts, notamment le Grand Matsuri qui a eu lieu le week-end dernier au jardin d'acclimatation à Paris.

Ce n'est pas la première fois que le jardin accueille des manifestations culturelles japonaises, que ce soit pour reproduire une kermesse ou tout simplement des concerts. L'accès au parc est payant et ce dernier est situé du côté de la porte Maillot à la périphérie de Paris, à 500 mètres de la station de métro Les Sablons. Cela fait un peu loin quand vous devez passer par le sud ouest de la capitale mais le programme avait de quoi séduire avec 300 artistes et 7 défilés en costumes traditionnels.

Le rendez-vous avait lieu le même week-end que la session automnale de Paris Manga, convention qui m'intéresse moyennement mais j'y suis passé cette fois-ci pour passer aux dédicaces de plusieurs invités japonais le samedi matin, à savoir Shinji Aramaki, mecha designer puis réalisateur des films Appleseed et Captain Harlock par exemple, ainsi que Noriyuki Abe, réalisateur sur Great Teacher Onizuka, Bleach, Black Butler, Les chroniques d'Arslan, Bleach, Tokyo Mew Mew, Yû Yû Hakusho ou encore Boruto, et surtout la réalisatrice Atsuko Ishizuka qui a dirigé No Game No Life, Monster, The Pet Girl of Sakurasô et A place Futher than Universe, entre autres.

J'y suis resté moins de 2 heures avant de passer 50 minutes à rejoindre le jardin d'acclimatation, le temps de quitter le Hall 7 du parc des exposition de Versailles, de rejoindre le métro, de faire le trajet puis d'atteindre l'entrée du jardin. Étant données les longues queues aux caisses, je me suis félicité d'avoir pris un billet électronique à l'avance et de n'avoir que la sécurité à passer. J'ai juste regretté de ne pas avoir droit d'office au pamphlet de la journée pour le Grand Matsuri mais il a suffi de le demander à des personnes qui en distribuaient près de l'entrée du parc, sans compter qu'il y avait aussi un stand d'information.

Le jardin comporte des attractions tels que des manèges et des montagnes russes pour les plus jeunes, où chaque passage est payant sauf à acheter un pass pour la journée qui s'ajoute au prix du ticket d'entrée. Il y avait quelques affiches de films japonais dans les allées mais rien ne sortait de l'ordinaire à part l'ambiance musicale qui était essentiellement composée de morceaux tirés des films du studio Ghibli.

Toute la zone nord était donc inchangée tandis qu'une allée au sud a été transformé en village japonais, avec des stands de part et d'autres. Vous trouviez les offices du tourisme des villes ou des régions japonaises participant à l'événement, quelques sponsors tels qu'Ana ou Nippon Airways, ainsi que des étales de nourriture qui ne désemplissaient pas.

Les prix pratiqués étaient relativement chers mais finalement compétitifs par rapport aux restaurants permanents du jardin. Le problème pratique était surtout de devoir faire la queue pas mal de temps devant les étales japonaises avant d'être servi, alors qu'il y avait moins de monde ailleurs. Vers 19h, il y avait toujours des gens qui prenaient leur mal en patience pour pouvoir prendre un taiyaki.

Plus à l'ouest, une petite scène était montée et le samedi après-midi, une petite troupe a enchaîné les concerts avec un panel de danses et de musiques traditionnelles, à base de shamisen et de taïko et même des passages de yosakoi. À  18h, il y avait encore un concert de kotô mais malheureusement plus beaucoup de spectateurs pour y assister.

Ce qui était moins le cas pour la grande scène montée devant la fondation d'entreprise Louis Vuitton et un furoshiki géant installé dans le jardin pour l'occasion. À 17h, il y avait encore une foule importante devant et même au crépuscule, beaucoup de gens étaient encore là. Par rapport aux différents défilés de la journée, la grande scène servait de point de départ avec une présentation des intervenants et un premier spectacle. Les samuraï ont reproduit la réunion des différents guerriers auprès de leur seigneur tandis que la danse du sabre du démon s'est déroulée pendant un bon quart d'heure avant que les gens d'Iwate défilent après. Les défilés se déroulaient sur quelques centaines de mètres le long de la principale allée sud du jardin.

Il y avait 7 défilés en tout mais répartis sur la durée de la manifestation à savoir du samedi au lundi, avec quelques répétitions dans le programme mais pour tout voir, il aurait valu être présent du début jusqu'à la fin de la journée et pendant deux jours. Le samedi matin, j'ai surtout raté le défilé Awa Odori de Tokushima que je connais via les affiches dévoilées traditionnellement pendant le festival Machi Asobi. Il était déjà question qu'ils viennent à Paris mais leur venue avait été annulée à cause des attentats de 2015.

La richesse de l'événement est d'avoir fait appel à différentes contrées du Japon, pas forcément nombreuses mais variées. Kochi est au sud de l'île de Shikoku alors que la ville de Goshogawara est au nord de Honshû.

En début d'après midi le samedi, la préfecture de Yamanashi a reproduit son festival Shingen-Ko avec une procession de guerriers en armure à l'origine en l'honneur de Takeda Shingen. Il y avait même un cheval dans le défilé mais si les armures étaient bien là et les principaux acteurs japonais, la plupart des figurants étaient européens, ce qui brise un peu le caractère authentique de l'opération.

La parade de Mikoshi de la ville d'Ichikawa était d'un autre genre avec un très beau Mikochi qui avaient le déplacement depuis le Japon ainsi que des porteurs et le maire de la ville. Les visiteurs du parc étaient invités à porter énergiquement l'autel portatif durant le défilé. Je me souviens que le cortège s'est finalement déplacé très vite dans les allées.

Le défilé que j'ai le plus apprécié est le Sansa Odori de la préfecture d'Iwate. C'était couplé avec la danse de l'épée démon qui était montrée sur scène avant que la procession débute avec des danseuses mais aussi des musiciennes et une chanteuse, et le tout en suivant une cadence millimétrée. C'était remarquable.

En arrivant dans le jardin, vous pouviez difficilement rater le Tachineputa haut de 12 mètres de Goshogawara. Le soir, la construction s'illumine et un défilé a eu lieu avec. En ce sens, être quasiment dans le noir à 19 heures a permis de mieux profiter du spectacle. Là aussi une procession de musiciens et danseurs accompagnait le géant tiré à bout de bras par une partie des spectateurs. Un "conducteur" dirigeait les troupes pour faire passer le Neputa au bon endroit pour éviter les branches des arbres dans les allées. Dans d'autres cas, il faisait en sorte que le géant se tourne un peu pour que le public ne voit pas toujours le même profil. Cela a été une façon agréable de conclure cette journée.

En fait, la météo a été idéale - au moins le samedi - avec un soleil radieux mais une température clémente comme nous sommes en octobre. Les organisateurs ont eu beaucoup de chance de ce côté là et cela aurait été beaucoup plus laborieux d'assister à ces défilés sous une pluie battante. Je suis content d'avoir pu assister à cet événement et le public francilien a répondu présent en masse. C'était faussement la cohue dans le village japonais vue l'étroitesse des passages et la taille des stands mais l'occupation de la pelouse devant la grande scène avant le départ des défilés était assez impressionnante.

Pour conclure, si vous êtes attirés par ce type d'événements, je vous encourage de vous renseignez sur les différentes opérations prévues autour de Japonismes 2018 - et malheureusement pas toutes référencées sur leur site a priori. Il n'y en a pas que sur Paris mais pour ceux qui peuvent venir dans la capitale, je rappelle la tenue de Samurai Japon le 4 novembre 2018 - c'est gratuit -, ou encore la mise en place du furoshiki géant sur le parvis de l'Hôtel de Ville du 1er au 6 novembre 2018.