Article proposé par Ours256 ^[1]

Les Sama Awards font partie des rendez-vous annuels bien installés de la blogosphère manga. Pour une première participation en tant que membre du jury, je me suis dit qu’il fallait que je fasse les choses bien, que je m’organise pour bien tout lire et tout noter correctement.

En Angleterre (pays où je vis et où je travaille), mettre des notes est très compliqué et demande au préalable une standardisation qui peut parfois être fastidieuse. Je m’attendais donc au même genre d’exercice mais… non ! En France, on ne s’ennuie pas avec tout ça, on note avec le coeur (et aussi un peu avec son cerveau mais pour Rukawa, il est inexistant donc…) !

N’imaginez pas non plus que c’est la fête et que tout le monde fait ce qu’il veut. Il faut quand même s’assurer que seuls les meilleurs articles passent les présélections et pour ce faire, plusieurs membres du jury doivent quand même faire l’effort de tout lire, de ratisser pour éliminer un maximum de déchet et ne laisser aux flemmards (#Oups :p) que la crème de la crème.

Ergonomie, sentiments, originalité, contenu… Ces 4 éléments permettent de faire le tri parmi les articles « acceptés » (comprenez « qui répondent aux normes du concours ») et de déterminer les articles « nominés » (comprenez « en compétition »). Bien sûr, ce n’est pas tout et chacun possède sa vision du « bon article », les critères objectifs existent mais ne vont pas passer en priorité.

C’est ainsi que l’on peut découvrir des gens aux idées géniales comme L’Otaku Poitevin qui, même s’il a proposé beaucoup d’articles, s’est amusé à varier les sujets tout en conservant un caractère intéressant et une bonne dose d’originalité.

On peut aussi lire des auteurs comme Gaeko (un jeune) ou Amo (un vieux), qui n’hésitent pas à tenter des choses un peu moins classiques pour mélanger une passion brûlante et une certaine expertise au niveau du texte et des sujets.

Enfin, on s’émerveille sur des gens tels qu’Anvil qui maîtrisent la langue française comme on l’aime, qui savent jouer avec les mots pour nous faire vibrer et nous faire entrer complètement dans l’univers qu’ils cherchent à décrire.

Ce ne sont bien sûr que des exemples sélectionnés parmi mes favoris mais il y en a d’autres que je ne prends pas la peine de citer (méchant moi !). On note quand même des participations solides de plusieurs collectifs ou blogs comme (pas ordre alphabétique, ne m’insultez pas !) L’Archipel, Mangalerie, Nostroblog et Vaikarona et il faut avouer qu’on aimerait peut-être voir plus d’indépendants tenter l’expérience dans les prochaines éditions.

Quand je dis « plus de gens », je veux bien sûr parler de gens qui savent écrire ! Si vous écrivez avec vos pieds et que vous n’êtes pas capables d’aligner trois mots sans faire dix-neuf fautes d’orthographe, faites-vous relire ou… euh… passez votre chemin !

Pouvoir s’exprimer correctement à l’écrit est quelque chose de primordial dans un concours comme celui-ci. L’une des choses que je retiens de mon expérience de jury, c’est qu’il y a toute une flopée d’auteurs qui ne savent plus faire la différence entre une chronique écrite et une chronique orale.

Certains artifices peuvent être tolérés à l’oral mais à l’écrit, ils sont tout simplement inacceptables. Il n’est pas nécessaire de jouer aux vendeurs de poissons pour ne pas perdre le lecteur. Si le texte est écrit correctement et que le sujet est intéressant, ce dernier restera. Même parmi les vainqueurs, il y avait, selon moi, certaines tournures trop orales à mon goût (c’est le professeur qui parle :x).

Concernant les vainqueurs, ils sont difficilement contestables et certains prix ont vu des chamboulements assez fous comme celui de la meilleure idée qui a beaucoup bougé. Il faut le dire, il y avait de l’originalité dans les propositions, et même si l’exécution n’était pas parfaite, on sentait un véritable potentiel. Le texte gagnant, Ambiance floral, le rôle des plantes dans les mangas de L’Otaku poitevin a le mérite d’aborder un sujet intelligent et d’une manière structurée (même s’il aurait gagné à creuser encore).

Pour le prix de la passion, c’est évidemment le coeur qui prime et à la lecture de Sound! Euphonium et le prix de la passion, il devient clair qu’Amo, le vainqueur, a écrit avec ses tripes. Le fait qu’il ait écrit spécifiquement pour ce prix est aussi venu renforcer un peu le choix du jury et les changements de votes finaux. Il y a de vrais sentiments qui se dégagent d’un texte.

Avant de parler du meilleur article, il est important de revenir sur le prix du jury. Maison Ikkoku est un article qui est arrivé deux fois second ! Le texte de Mikki n’a pas eu de chance mais sa polyvalence a montré une force qui ne pouvait pas rester dans l’ombre. Pour le coup, ce prix ne pouvait pas mieux tomber.

Le prix du meilleur article, bizarrement, n’a pas été si difficile à déterminer. À la lecture, il apparaît presque comme une évidence. L’analyse méticuleusement construite de Meloku dans La Représentation de la jeunesse de Lorsque nous vivions ensemble à Solanin est fine, intéressante et expliquée avec passion, à tel point qu’on lui pardonnerait ses envies d’oral dans le texte.

Deux autres prix ont été décernés : le Prix des auteurs et le Prix des 20 ans d’Animint. Ils viennent récompenser deux autres auteurs qui ont su faire preuve de talent, le premier vis à vis des pairs et le second vis à vis de Pazu, administrateur d’Animint. Avec Yu-Gi-Oh! : l’égyptologie à la japonaise et Strongest Man Kurosawa - L’héroïsme selon Nobuyuki Fukumoto, les lecteurs ont donc pu découvrir des choses encore différentes mais qui ne manquent, encore une fois, pas d’intérêt.

Ce bilan arrive tard, un peu plus de deux mois après le palmarès. Ce n’est pas parce que votre serviteur est une feignasse (promis :p) mais par réel manque de temps. Par contre, il était intéressant de revenir sur cette expérience avec un peu de recul et de ne pas écrire à chaud. Je ne peux qu’encourager un maximum de gens à participer l’année prochaine histoire de voir de nouvelles plumes et de nouvelles plumes voler les premières places !

[1] Ours256 est Rédac'chef sur Krinein et MangaMag.