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Japan Expo 2015 Chapitre Deux : Sword Art Online, Shichiro Kobayashi, Yoshiyuki Sadamoto et des expositions

Par le :: Manifestations

japan_expo , 2015

Pendant que Shigeru Miyamoto faisait son show avec ses collègues de Nintendo sur la scène principale, j'ai préféré suivre la conférence Sword Art Online, où étaient présents les deux auteurs du light novel, l'écrivain Reki Kawahara et l'illustrateur abec, accompagnés par leur éditeur japonais.

Ce dernier a redéfini ce qu'était un light novel en le distinguant principalement du roman à cause des illustrations mais aussi par la longueur des séries, le nombre élevé de personnages et le public ciblé, plutôt jeune.

Reki Kawahara a postulé en 2002 à un concours organisé par une maison d'édition, qui a lancé sa vocation d'écrivain, même si le titre Sword Art Online a mis finalement 7 ans pour aboutir, depuis le moment où il s'est investi sérieusement dans son nouveau métier. Le thème est fortement inspiré du MMORPG américain Ultimate Online, auquel il a énormément joué.

Dans la production d'un light novel, l'éditeur se retrouve à gérer la relation entre un scénariste et un dessinateur, avec plus de problématiques que pour un mangaka qui serait seul maître à bord. La tâche de l'éditeur a été de guider l'auteur à améliorer ses personnages avant de proposer ensuite le projet à abec pour qu'il fasse les illustrations. Le dessinateur avait beaucoup de travaux déjà en cours et il a failli refuser faute de temps.

Aucun des deux auteurs ne s'attendait au succès de Sword Art Online. Reki Kawahara pensait toucher un marché de niche intéressé par les jeux massivement multi-joueurs et pour abec, son entourage lui avait prédit l'échec cuisant de tout light novel fantastique.

Au regard du nombre d'adaptation de MMORPG au cinéma ou en anime dans le passé, les deux auteurs ne peuvent pas dire qu'ils ont lancé un nouveau genre  mais il est vrai que leur succès a sans doute multiplié les demandes de portages cross média.

L'éditeur japonais a aussi donné une explication sur le vent en poupe des light novels sur les autres médias. Les anime sont traditionnellement tirés  de mangas, mais une fois les principaux titres exploités, les éditeurs et les studios se sont mis à lorgner sur les romans jeunesses, qui fournissent un bon matériel de départ.

Pour l'adaptation manga de Sword Art Online, il y a juste eu une validation des premiers dessins. Pour le dessin animé,  Reki Kawahara s'est beaucoup impliqué dans le scénario et il s'est rendu disponible pour répondre aux questions des seiyû.

Un autre point a concerné l'origine du titre Sword Art Online Progressive : Le reboot reprend les 2 années passées dans le jeu mais de manière plus lente, d'où le choix de progressive.

Il était aussi question d'une nouvelle inédite où Kirito fait du vélo avec Yui en guise de GPS, mais à part cela, il n'y a pas de nouveaux projets Sword Art Online à l'horizon. Kirito est d'ailleurs le personnage que Reki Kawahara dit ne pas trop comprendre alors qu'il a une préférence pour l'héroïne, Asuna. Pour abec, c'est Klein dans le roman et Yui dans l'anime, qu'il préfère parmi les différents protagonistes.

À la fin de la conférence, les éditions Ofelbe en ont profité pour dévoiler la jaquette validée du tome 3 du roman Sword Art Online.

Japan Expo 2015

Les projecteurs sont souvent braqués sur les character designers ou bien les réalisateurs, mais parmi les invités officiels, Japan Expo insère toujours quelqu'un du sérail, que ce soit un animateur pur ou alors, cette fois-ci, un directeur artistique en la personne de Shichiro Kobayashi

Ce dernier a pris un peu de distance par rapport à l'industrie de l'animation, car il est désormais peintre mais sa carrière a débuté dans les années 1960 et s'étend sur plusieurs décennies, avec notamment des travaux sur Ace wo Nerae, Ashita no Joe, Cobra, Kimagre Orange Road, Orphen, Simoub ou encore Utena.

Japan Expo 2015

À l'origine, Shichiro Kobayashi désirait devenir peintre mais il vivait à Hokkaido, où il n'y avait aucune opportunité au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Il a répondu à une petite annonce passée par le studio Toei qui recherchait des décorateurs er c'est ainsi qu'il s'est introduit dans le milieu de l'animation. Il pensait occuper un poste pour combler son envie de peindre, mais le métier de décorateur, puis de directeur artistique est finalement très différents et avec de multiples contraintes. Il a cependant trouvé une certaine satisfaction à travailler sur des œuvres différentes qui apporte chacune leur diversité.

Une des contraintes est de devoir travailler en équipe et en bonne intelligence avec le réalisateur le character designer. Chacun apporte sa contribution pour élaborer l'univers d'un anime et soigner son impact visuel. Les premières réunions sont de longues négociations mais après cette étape, il reste suffisamment de liberté pour que les différents corps de métier puissent exprimer leur personnalité et leur originalité.

L'originalité semble être le maître mot de Shichiro Kobayashi. De son côté, il a affirmé son propre style en peignant les paysages d'Hokkaido, qui sont devenus une grande source de son inspiration. Un peu plus tard, en découvrant un peu plus le monde, il a subi des influences d'Hokusai mais aussi des impressionnistes européens, notamment en ce qui concerne l'utilisation des couleurs.

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Il a découvert la France quand il est venu en repérage pour la production de Rémi Sans Famille, réalisée à l'époque par son grand ami Osamu Dezaki. Le voyage a été marquant car il a découvert des types de paysage complètement différents, alors qu'il était habitué aux campagnes japonaises, ainsi que des bâtiments complètement différents.
Pour planter un décor, il pense d'abord à ce qui lui ferait plaisir, en partant du principe que cela plaira ensuite au plus grand nombre.

Il regrette l'utilisation du numérique, notamment à cause du perfectionnisme que cela implique au détriment d'une certaine chaleur qui peut se dégager de traits mal terminés. Il reproche l'appauvrissement des nouvelles générations qui partent de photographies ou d'autres oeuvres pour réaliser leur travail, au lieu d'exploiter directement un environnement autour d'eux.
Pour prêcher cette bonne parole, Shichiro Kobayashi tient un cours chaque année,  au mois de juin, à l'université de Kobe. Par ailleurs, il a formé d'autres disciples pendant sa carrière et notamment Nizô Yamamoto, qui a participé à plusieurs films du studio Ghibli.

En guise de dessin public, le directeur artistique s'est lancé aux crayons de couleur dans un paysage évoquant Utena la fillette révolutionnaire, à la fin de sa conférence.

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Il était possible d'admirer quelques reproductions de ses œuvres dans une petite exposition qui lui était consacré. Outre la beauté des réalisations, il est intéressant de noter le panel de séries sur lesquelles il a travaillées, avec beaucoup de titres réalisés par Osamu Dezaki mais aussi d'autres auxquels vous penseriez moins : Nodame Candabile et Berserk, par exemple. À cela se sont rajoutées quelques peintures sans rapport direct avec l'animation.

Sur la forme, l'exposition ne paie pas de mine malgré un écran vidéo, et vous ne veniez certainement pas au festival rien que pour la voir, mais les quelques œuvres présentées donnaient visuellement une idée de la dimension de l'invité, et faisait comprendre le prestige qu'il pouvait avoir dans le milieu professionnel.

Japan Expo 2015

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Juste en face, vous trouviez une exposition proposée par Kurokawa sur Hiromi Arakawa, la mangaka de Fullmetal Alchemist, Silver Spoon et dernièrement Arslan no Senki. Sachant qu'il y avait cet espace, j'ai d'abord regardé du côté du stand éditeur avant de tomber dessus en me promenant au bon endroit. En passant devant, vous pouviez difficilement la manquer. Là aussi, c'était assez petit mais concis et pas mal original avec Edouard en plein milieu. Les murs étaient tapissés par différents travaux de l'artiste issus principalement de ses mangas.

Japan Expo 2015

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La troisième exposition que j'ai notée est celle consacrée à Evangelion. Outre des panneaux pour présenter la série, l'espace était constitué de semblants d'immeubles qui donnaient l'illusion d'un Eva surplombant la ville. Malheureusement, l'Eva était juste une tapisserie et faisait moins d'effet qu'une statue. L'avantage de Japan Expo, ce que les cosplays ne manquent pas et forcément un beau costume d'Eva est venu déambuler dans le coin et vous pouviez voir que cela avait tout de suite plus de classe.

Japan Expo 2015

Japan Expo 2015

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Il est aussi dommage, pour conserver l'apparence de la ville, d'avoir caché un bon nombre de contenu alors que les produits dérivés étaient sympathiques à découvrir. De loin, j'ai vu qu'il y avait quelque chose sur Evangelion, avant de réaliser qu'il s'agissait d'immeubles qui étaient représentés puis enfin que c'était une exposition.

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Evangelion me permet de faire la transition avec la conférence avec l'invité d'honneur anime, Yoshiyuki Sadamoto, le character designer de la série et l'auteur du manga. La rencontre a pris le chemin direct d'une session de questions réponses avec le public, avec comme mot d'ordre de ne pas aborder les éventuels projets en cours.

Les propos ont concerné principalement Evangelion, avec quelques apartés tels que le rappel de son rôle sur le clip pour Daicon IV, la convention à Osaka, où il a été enrôlé en tant que professionnel. Sur Nadia, il avait répondu à un appel d'offre de la NHK et mieux que le chara design, il avait été nommé réalisateur, avant que le poste soit confié en pratique à Hideaki Anno,  quand la diffusion a commencé et la production en flux tendu derrière. Il a retrouvé Nadia plus de deux décennies après, quand il a fallu faire une illustration pour un coffret Blu-ray. Il a alors dessiné comme il le ressentait aujourd'hui, sans chercher particulièrement à retrouver son style d'origine.

Japan Expo 2015

Pour Evangelion, le projet s'est inscrit après une période disette pour le studio Gainax et Yoshiyuki Sadamoto s'est positionné pour l'écriture du manga. En ce sens, il a eu peu de points de frictions sur le character design avec le réalisateur Hideaki Anno, considéré comme un collègue dans la même société et chacun avait le champ libre, l'un pour la série et l'autre pour le manga. Ce n'est pas du tout la même relation qu'il a pu avoir avec Mamoru Hosoda sur Summer War, où le réalisateur lui a mis beaucoup de pression parce qu'il avait besoin des personnages finalisés pour avancer dans l'écriture de son histoire.

Yoshiyuki Sadamoto a mis 2 à 3 mois pour finaliser les personnages sur Evangelion. Selon lui, un protagoniste féminin est réussi si la fille est sexy sans être grotesque et respire l'intelligence, au contraire. À l'origine, il voulait avoir des acteurs très japonisants donc tous bruns, mais un sponsor a émis le souhait de produire un jeu vidéo et avait besoin de couleurs différentes pour pouvoir distinguer les personnages. Le chara designer s'est donc exécuté en choisissant une couleur de cheveux pour ses héros.

Avec le recul, sa préférence va pour le personnage de Misato, qui correspond mieux à son âge et le protagoniste qu'il aime le moins est Keel Lorenz, le patron de la Seele. Ce sont les Eva qui lui ont demandé le plus de travail, à savoir 10 mois d'échanges récurrents avec le mecha designer Ikuto Yamashita, à qui il avait sous-traité la tâche. Le cahier des charges était de partir de l'image des ogres traditionnels japonais, ce qui a conduit à une forme originale des robots organiques. Alors que la coutume des designers est de placer les points vers l'arrière, les Eva ont été les premiers mechas à posséder des pointes vers l'avant.

Japan Expo 2015

Une question est revenue sur son hommage à Lupin III, où dans une course poursuite, vous pouvoir voir une Renault Alpine A110. Il a repris la marque pour en faire la voiture de Misato, mais avec un modèle différent, la Renault Alpine A310. Plus que Renault, Yoshiyuki Sadamoto est un grand fan de voiture Citroën et en a possédé plusieurs, dont une 2CV et une Xantia, par exemple. Il a d'ailleurs profité de son séjour en France pour faire un tour chez un concessionnaire, à ce que j'ai compris.

Un autre hommage ou source d'inspiration est le schéma avec trois enfants dans l'histoire, tiré tout droit d'UFO, la série anglaise des années 1970. Pour créer un univers, le chara designer recommande de partir des mondes imaginés pendant l'enfance, qui constituent de très bons points de départ, et d'éviter en revanche des produits visuels, qui suscitent une tentation de plagiat.  Les romans sont aussi de bons matériaux car ils font appel à l'imagination.

Yoshiyuki Sadamoto a une forte expérience de directeur de l'animation, en charge donc de vérifier la qualité de l'animation sur les anime, mais il se sentait de moins en moins adapté à ce poste, qui requiert beaucoup d'endurance et de rapidité. Il a souvent proposé d'autres personnes à sa place, et son dernier poste de responsable date du premier épisode Gunbuster 2. Il se voit maintenant plutôt comme mangaka.

Le métier est différent d'animateur, avec des dessins beaucoup plus détaillé alors qu'il était obligé de simplifier son trait pour permettre aux autres membres du studio de reprendre ses personnages. Dans le manga d'Evangelion, il s'évertue à multiplier les détails et rendre l'ensemble inadaptable en dessin animé. S'il avait voulu faire un anime, il l'aurait fait directement. La fin qu'il a imaginée pour le manga est très personnelle, tout simplement parce qu'il n'a eu aucune directive de la part du staff qui travaille sur les anime.

À la fin de la conférence Yoshiyuki Sadamoto a abordé un peu l'impact du numérique sur l'animation. Il retient le côté contraignant de la technologie, où seul la  tâche des coloristes est simplifiée alors que celle des animateurs est complexifiée, avec un travail toujours plus ou manuel à la base, avant de passer au scanner. 

Japan Expo 2015

Avant de conclure ce deuxième article, je rajoute quelques mots sur les autres expositions que j'ai pu voir, à savoir des panneaux assez classiques pour montrer la ville de Takamatsu et un peu plus loin, une présentation du rakugo.

Japan Expo 2015

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Plusieurs stands avaient aussi fait l'effort de monter des décors que ce soit chez les éditeurs de manga mais aussi les producteurs de figurines, avec un Colisée de Dressrosa rempli de figurines du côté de la Toei et un mur d'images de nendoroids chez Good Smile Company, en espérant récupérer un jour le plateau original des 500 statuettes. Notez également un certain nombre d'exclusivités avant le Japon dans ce domaine,  dont un modèle de  Luffy chez Bandai et une nendoroid de Mako chez Good Smile. 

Japan Expo 2015

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Commentaires sur ce billet:

  1. Le 08/07/2015 à 10:35
    Gemini a dit

    Sans vouloir être méchants avec les auteurs de SAO, ils sont passés après .hack//, qui déjà parlait de MMORPG, en manga, en anime, en jeu vidéo, et sans doute en roman.

  2. Le 27/07/2015 à 00:45
    Dans Japan Expo 2015 (16e impact) |..., il a été dit

    [...] mais le lecteur cherchant vraiment des infos j’en conseille d’autres, autrement plus [...]

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