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Compte rendu de l'avant-première de Summer Wars

Par le :: Manifestations

2006 , series , films , animes , animage , mamoru_hosoda

Hier soir avait lieu l'avant-première de Summer Wars à Paris, en présence de son réalisateur, Mamoru Hosoda, dont c'est le deuxième grand projet personnel, après la Traversée du temps, en 2006.

Habituellement, je fais le déplacement pour voir tel ou tel auteur ou réalisateur japonais en chair et en os, sans trop me préoccuper du programme des projections. C‘était le cas pour les soirées avec Rintarô et Sunao Katabuchi. Pour la séance de Summer Wars, ma motivation était plus de découvrir le film que de voir son auteur. En effet, cela fait presque 2 ans, que je voyais régulièrement des encarts à propos du long métrage dans le magazine Animage, des textes qui donnaient envie d'en savoir plus. Le film est sorti au Japon le 1er août dernier et nous avons donc eu la chance de le découvrir en avant-première sur grand écran, avant même la sortie du DVD japonais en mars prochain.

La projection en avant-première a été annoncée 2 semaines avant que les billets soient disponibles et le buzz a bien fonctionné, avec la vente de tous les tickets en moins de 48 heures. Certes, c'est loin d'être exceptionnel pour certaines personnes habituées à prendre des billets en ligne pour des spectacles où les places s'écoulent en 30 minutes – je ne pense à personne en particulier.

En revanche, cela donne une salle 6 de l'UGC Ciné Cité des Halles complète et une fière allure devant Mamoru Hosoda, par rapport à des travées désertes, en pleine journée, pendant des festivals anonymes. Le réalisateur a pu avoir un bon panel pour scruter scrupuleusement nos réactions pendant le film. A la fin de la projection, nous lui avons prodigué une standing ovation. Sans doute peu habitué à ce genre d'accueil très chaleureux, le geste l'a quelque peu ému, mais d'un autre côté, son film a visiblement beaucoup plu, à entendre ci et là les réactions des uns et des autres. 

Pour éviter de se retrouver mal placé, il fallait venir tôt avant le début de la séance ou avoir quelqu'un dans la queue pour vous réserver un siège. Pendant l'attente, Mamoru Hosoda est passé en compagnie de M. et Mme Kaze – normal car ils sortiront le film en DVD – avec M. Kurokawa en guise de traducteur. Il y avait toujours et encore M. Animeland mais dans la queue, comme tout le monde.

Après une rapide introduction et le temps que tout le monde trouve une place, la projection a pu commencer. J'avais juste aperçu quelques images tirées du film et me rappelais de quelques lignes de synopsis, qui ont la particularité de ne rien dévoiler sur l'essence même du film.

En bref, le jeune Kenji Koiso passe son été dans son club à faire de la maintenance de bas étage sur Oz, un monde virtuel, une espèce de Second Life des temps modernes. Passe par leur bureau la plus jolie fille du lycée, Natsuki Shinohara, qui a besoin de l'un d'entre eux pour un travail, qui se déroule chez sa grand-mère, en pleine campagne. Kenji est enrôlé, accompagne Natsuki dans son périple et débarque en pleine préparation de la célébration des 90 ans de la doyenne de la famille, une aïeule étonnamment alerte pour son âge.

L'atmosphère bucolique change du tout au tout après des événements qui surviennent dans Oz, un monde plus ancré dans la réalité que sa nature virtuelle le laisse penser. Je n'irai pas plus loin dans l'histoire pour vous laisser le plaisir de découvrir l'intrigue par vous-même.

Avec un peu de recul, Summer Wars aborde des thèmes déjà relatés par ailleurs, pas forcément ensemble mais qui sont souvent le sujet principal de séries, de livres ou d'autres longs métrages. La force d'une oeuvre n'est pas de faire croire qu'elle a le concept révolutionnaire – la réalité est que tout a déjà été plus ou moins vu dans d'autres titres – mais dans la manière dont l'histoire est racontée. C'est ce que j'ai réellement apprécié dans Summer Wars, partagé entre l'impression de déjà vu et l'excellence du rendu, notamment au niveau des émotions.

C'est d'autant plus fort que je n'ai pas accroché à la bande originale, qui a pour mission d'accentuer les effets visuels. Là, tout est passé via les images et la mise en scène de Mamoru Hosoda. Vous passez de la joie à la tristesse en un rien de temps.

La traversée du temps était une jolie romance fantastique mais son rythme est relativement lent. Certains pourront regretter la touche de poésie portée par le film précédent du réalisateur japonais et feront la fine bouche devant l'animation de certaines scènes dans Summer Wars. Le caractère des personnages principaux est relativement peu approfondi si ce n'est tout à la fin, de manière très conventionnelle. Le nombre de protagonistes secondaires peut également donner le tournis.

En revanche, le tempo de Summer Wars est très soutenu et d'ailleurs, Mamoru Hosoda a pensé son long métrage comme un film d'action, même s'il s'agit plus de mélange détonnant de scènes de combats avec des moments beaucoup plus tranches de vie.

De ce côté-là, le film a des arguments pour être grand public, et est tout sauf un titre d'auteur, confidentiel et soporifique. Point de vue marketing, il se rapproche tout à fait des productions Ghibli, avec quelques originalités qui ont marqué les spectateurs qui ont demandés des compléments d'information sur le sujet pendant la courte séance de questions réponses, qui a eu lieu après la projection.

L'un a remarqué le soin pour montrer des enfants avec tous les types historiques de DS de Nintendo mais aucune PSP de chez Sony. Mamoru Hosoda a déclaré être un grand fan de Nintendo, surtout du fait que le célèbre Shigeru Miyamoto, le père de Mario Bros, ait été son sempai pendant ses études. Le réalisateur japonais est même allé s'excuser auprès de Miyamoto d'avoir montré des DS dans son film  alors que ce dernier était ravi de ce coup de pub gratuite.

Pour concevoir l'univers d'Oz, Mamoru Hosoda s'est inspiré de la réalité de l'internet d'aujourd'hui, en imaginant les habitudes de demain, avec la progression galopante des besoins de communication. L'ensemble donne une image crédible, plus qu'un rêve de science fiction. Mamoru Hosoda s'est lui-même pris au jeu et il nous a sorti que cela le démangeait de ne pas twitter là, juste à l'instant.

Il a parlé de l'idée d'origine du film, et notamment d'un des aspects, inspiré par sa propre expérience. Sur le point de se marier, Mamoru Hosoda a du rencontrer sa belle famille, qu'il a découvert d'un coup et il a trouvé l'idée intéressante à exploiter pour son prochain film. Kenji se retrouve en effet confronter à toute la descendance de la grand-mère de Natsuki, avec le lot de cousins et petits enfants à divers degrés.

Du coup, Mamoru Hosoda a abordé les liens familiaux dans le monde réel, tout en mentionnant que des rapprochements tout aussi forts peuvent se créer dans le monde virtuel. Il a tenu à conserver une posture neutre et équilibrée, en traitants les deux problématiques en parallèle, sans les confronter. Il s'est gardé de souligner l'aspect superficiel des relations dans les mondes numériques ou de traiter les réunions familiales de concept ringard.

A ce sujet, le réalisateur japonais s'est excusé de nous sortir un speech un peu téléguidé mais il s'agit du résultat des 18 interviews qu'il a du enchaîner en 24 heures, depuis qu'il est en France.

A un spectateur qui soulignait de fortes similitudes entre les personnages de Summer wars et Superflat Monogram, Mamoru Hosoda s'est contenté de dire que c'étant naturel, en tant que réalisateur de Superflat Monogram et il revenu sur la genèse de ce clip commandé par Louis Vitton. Il avait été contacté sur ce projet sorti en 2003 après son film Digimon, dirigé chez la Toei Animation, en 2000.

Une autre personne dans le public a demandé à Mamoru Hosoda s'il n'était pas obnubilé par les chiffres, en référence à la Traversée du temps et ses chronomètres, et les vagues successives de nombres dans Summer Wars. Le réalisateur a trouvé la question originale, car jamais posée que ce soit au Japon ou en France mais il n'a pas trouvé de réponse pertinente à donner.
 
Mamoru Hosoda est revenu sur le concept de son film, où le suivi d'un monde virtuel et d'affaires de famille lui a paru un concept bancal, tout au moins pas très vendeur. Le jour de la sortie au Japon, il avait quelques appréhensions, qui se sont heureusement rapidement dissipées et le film a connu de meilleurs résultats qu'escomptés.

Fort de succès, Mamoru Hosoda a son ticket en poche pour se lancer dans un nouveau film, qui est en cours de gestation. Il a juste indiqué qu'il aborderait visiblement des thèmes différents, loin du numérique et des mondes virtuels, avec beaucoup moins de personnages dans son histoire. Il nous a surtout donné rendez-vous dans 3 ans, le temps qu'il estime nécessaire pour mener son prochain projet à  terme.

Avant cela, je vous conseille vivement d'aller voir le film à sa sortie en France, le 9 juin 2010, si jamais vous avez la chance d'aller dans un cinéma qui le projette. Plusieurs scènes sont vraiment faites pour le grand écran.

 
Avant-première Summer Wars

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Commentaires sur ce billet:

  1. Le 24/02/2010 à 19:14
    Rukawa a dit

    > L'un a remarqué le soin pour montrer des enfants avec tous les types historiques de DS de Nintendo mais aucune PSP de chez Sony.

    c'était Tetho !

  2. Le 24/02/2010 à 19:45
    Pazu a dit

    @Rukawa: J'avais oublié de me mettre le lien.

  3. Le 24/02/2010 à 20:06
    Tetho a dit

    J'avais des questions intelligentes, je vous jure, je lui ait en même posé une pendant qu'il me dessinait Natsuki qui joue à la DSi XL (avec la camera du mauvais coté wwwww). Mais si je posais pas la question des PSP alors qu'on a tout les appareils électroniques possibles sont dans le film, ça m'aurait travaillé à chaque revisionage du film.

  4. Le 24/02/2010 à 20:31
    Pazu a dit

    @tehto: Je croyais que le grand jeu, c'était de poser une question pas déjà posée.

  5. Le 24/02/2010 à 21:19
    Tetho a dit

    J'ai perdu alors, la question pas posée c'était celle des chiffres...
    Mais je ferais mieux la prochaine fois (si tant est qu'après ce mois de folie où Rintarô, Katabuchi et Hosoda nous ont graciés de leurs présence, l'attente du prochain réalisateur d'animation japonaise risque de se faire longue).

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