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Sarusuberi - Miss Hokusai

Sarusuberi - Miss Hokusai
 

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Fiche technique

Autres titres 百日紅 - Miss Hokusai (japonais)
Miss Hokusai (français)
FormatFilm
StudioIG
GenreRomance / Historique / Drame
Période2015
Durée90 min
Interêt global   aidecoeur1.gif
StaffAuteur : Hinako Sugiura
Réalisation : Keiichi Hara
Scénario : Miho Maruo
Character design : Yoshimi Itazu
Direction artistique : Hiroshi Ohno
Musique : Harumi Fûki
Direction de l'animation : Yoshimi Itazu

Résumé

En 1814, le Japon est encore une société féodale, où les seigneurs sont tout puissants mais aussi les mécènes de nombreux artistes. Dans ce contexte, la jeune O-Ei vie avec son père, qui n'est autre que le célèbre peintre Hokusai et elle l'assiste dans ses travaux.

Le père et la fille se focalisent uniquement sur la peinture et délaissent tout le reste, que cela soit la cuisine ou le ménage. Si la bicoque qui leur sert d'atelier devient inhabitable à force d'être salie, ils se contentent de déménager. Le duo est souvent complété par les disciples d'Hokusai, d'abord Zenjiro qui les fréquente les plus souvent mais n'a pas la maîtrise technique que peut avoir O-Ei, et ensuite Hatsugoro, beaucoup plus talentueux et posé, qui ne laisse pas O-Ei indifférente à sa présence.

O-Ei n'est pas la seule fille d'Hokusai, qui est en fait toujours marié mais habite sous un autre toit que sa femme, Koto. La plus jeune fille, O-Nao est aveugle de naissance et vit dans un temple, où des nonnes s'occupent de son éducation.

À l'atelier, Hokusai honore les commandes de différents seigneurs mais un soir, à la veille de l'échéance de la livraison d'un tableau, O-Ei ruine le travail de son père. Ce dernier laisse tout tomber, mais il se montre incroyablement insouciant alors que sa vie est en jeu et qu'à cette époque, un retard équivalait à avoir la tête tranchée.  
 

Commentaire

Le premier point positif du film est la représentation du cadre où vivaient Hokusai et sa fille à Edo, la future Tôkyô. Nous découvrons les quartiers populaires, la foule de passant sur les ponts mais aussi les lieux chauds de la ville et des paysages à la campagne. Autant de thèmes qui sont repris dans les peintures du maître japonais et les scènes ne se privent pas d'y faire référence, en passant du paysage au tableau de manière naturelle.

Un autre aspect joliment abordé est le côté fantastique des œuvres du peintre, en donnant vie à ses créatures de manière souvent amusante. Cela peut commencer par une croyance qui laisse planer le doute sur ce qui s'est vraiment passé mais le phénomène paranormal prend forme et est finalement pris très au sérieux. La perception du surnaturel est quasiment un gage artistique, entre le disciple qui distingue juste quelques mouvements inhabituels et le maître et sa fille capables de voir distinctement un esprit s'échapper d'un corps. Ces épisodes permettent surtout de se mettre dans l'état d'esprit de l'époque et de saisir l'importance et le poids des illustrations de démons et autres dragons.

Enfin, le film s'appuie sur la richesse de ses personnages et en premier lieu, O-Ei, censée être le personnage central. Effectivement, nous suivons son parcours auréolé de son statue de femme libérée et moderne. Les premières musiques accentuent d'ailleurs le trait quand elles l'accompagnent pendant sa promenade sur le pont. En place et lieu des mélodies de cette période, nous avons droit à un bon morceau de rock pour souligner sa modernité. L'effet est réussi au début mais en revanche, nous avons été déçus de la composition finale, qui essayait de rappeler cette image.

Le synopsis du film peut laisser penser qu'O-Ei subit l'oppression de son père, qui brime son talent et l'exploite à cause de sa nature de femme, mais en fait nous ne sommes pas dans cette situation. Hokusai tire bien partie de sa fille mais de la même manière qu'il le ferait avec un autre disciple et il se révèle en fait plus talentueux qu'elle, en soulignant d'ailleurs ses lacunes. La jeune fille essaie de rattraper son père mais n'a pas encore toutes les capacités pour combler l'écart entre eux.

Il est aussi intéressant de voir le portrait de Zenjiro, relayé au second plan et bien en dessous du niveau technique d'O-Ei, qui le traite avec dédain. Pourtant, malgré des erreurs flagrantes de proportions dans ses dessins, les estampes érotiques du disciple connaissent un succès reconnu, alors que les travaux plus soignés d'O-Ei ne dégagent pas autant d'érotisme. C'est aussi le fossé qui sépare un homme à femmes de la jeune artiste qui ignore tout du sexe en pratique. Elle en fait d'ailleurs une crise de jalousie qui la pousse à s'investir plus en avant dans ses recherches artistiques.

Sinon, le portrait d'O-Ei reflète peu de surprise avec notamment sa difficulté à nouer des relations avec des hommes. Elle esquive ceux qui sont gentils mais complètement effacés, mais elle est incapable de se décider et de séduire une cible qu'elle convoite et pourtant à sa portée.

Un autre personnage clef du film, autour duquel s'articule le scénario, est O-Nao. Hokusai a d'autres enfants mais ils ne sont même pas mentionnés et notre attention se focalise sur la petite aveugle de la famille. Le handicap d'O-Nao oblige O-Ei de décrire oralement ce que nous voyons et son discours sert ainsi à analyser indirectement un tableau d'Hokusai que sa soeur ne peut pas voir. Là aussi, le dénouement est cousu de fil blanc malgré toute la délicatesse de l'approche optée par le réalisateur Keichii Hara, ponctuée de non-dits et encore une fois d'éléments mystiques.

Il est certes question du lien que peut avoir O-Ei avec O-Nao, mais c'est surtout le rapport d'O-Nao avec son père, qui  capte notre attention et finalement toute l'émotion. L'artiste évite sa fille, alors que cette dernière se réjouit toujours de ses visites mais elle sent bien qu'il est gêné et elle se demande s'il ne la déteste pas d'être en fait un poids pour la famille. Il existe un contraste d'autant plus fort qu'O-Ei côtoie tout le temps son père et exerce finalement le même métier en étant un fervent soutient en pratique.  Cependant, malgré ce fossé apparent, c'est Hokusai qui exprime les mots les plus justes et les plus émouvants à propos de sa petite dernière.

En dressant le tableau d'une époque et un inventaire des œuvres d'un artiste mondialement connu, Miss Hokusai réussit déjà à nous séduire. À cela s'ajoute une touche poétique, qui dépasse le cadre convenu en mettant en lumière des personnages secondaires via le parcours d'O-Ei, une femme résolument moderne.

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Sarusuberi - Miss Hokusai (Film) [adaptation]

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