Animint

  Anime & manga

 
 
“Animint traite des dessins animés japonais et du manga. Outre ce blog, le site comporte plusieurs milliers de pages de texte illustré.”

Japan Expo 2014 Chapite Quatre : Ryuhei Tamura, Ippei Kuri et Izumi Matsumoto

Par le :: Manifestations

japan_expo , 2014

Suite et fin des comptes-rendus de l'édition 2014 de Japan Expo, avec, le dimanche, la conférence publique de Ryuhei Tamura, l'auteur de Beelzebub, celle d'Ippei Kuri, l'un des fondateurs du studio Tatsunoko et enfin la présentation de ses travaux par Izumi Matsumoto, l'invité d'honneur manga et créateur de Kimagure Orange Road.

Japan Expo 2014

Ryuhei Tamura a donc ouvert le bal de la journée avec une rencontre avec son public sur la scène Japan Expo, et des instructions strictes pour ne pas être pris en photos, d'où la pauvreté d'illustration dans cette partie de l'article.

De manière classique, il a abordé sa vocation qui date de son enfance, où il a à la fois voulu faire comme un de ses petits camarades qui dessinait les mangas et qui a pu profiter des lectures de sa mère, qui rapportait des bandes dessinées japonaises à la maison. Il a commencé à reproduire les personnages des différents titres qui lui passaient sous la main, de Dragon Ball à Saint Seiya, en passant par Captain Tsubasa.

Grand fan d'Emblem of Roto, il a composé un essai de manga avec des histoires sur 4 cases autour de Dragon Quest et a envoyé ses planches pour un concours organisé par le Shônen Gangan à 16 ans mais il n'a pas pu obtenir que la mention la plus basse, avec un dessin qui manquait de maturité, de son propre aveu.

Il a suivi après un cursus dans une école d'animation et après sa scolarité, il a décidé de devenir mangaka sérieusement et a postulé pour le Shônen Jump, le magazine numéro un à ses yeux. Il y est parvenu et Beelzebub a été son titre pour la Golden Cup, où concourent différents auteurs avec des histoires complètes.

L'idée de base était de concevoir un récit de furyo, de jeunes voyous et au cours de la conception, l'idée lui est venu de mettre un bébé sur l'épaule de son héros, pour se démarquer des autres titres du genre. Plusieurs mangas l'ont influencé mais pas forcément du même style – il ne voit aucune idée venant de Great Teacher Onizuka par exemple, même si les mangas abordent le même thème – et il a mentionné s'être inspiré de personnages de Final Fantasy, entre autres.

Japan Expo 2014

En devenant professionnel, il a arrêté de dessiner ce qu'il voulait et s'est mis à étudier ce que désirait son public. Avec le succès, il a senti une énorme pression, surtout en imaginant qu'il était à la place d'auteurs qu'il admirait.

Pendant la publication de Beelzebub, il n'avait pas de journée de repos pendant les semaines de publication, rythmées par ses réunions avec son éditeur et le découpage du chapitre puis 3 à 4 jours intensifs à travailler avec ses assistants de 9h du matin à 3h du matin pour boucler les planches. L'équipe est composée de 8 assistants mais ceux-ci se relaient pour assurer une journée en continue avec 4 postes pour dessiner les arrières plans, une personne pour s'occuper des effets et une dernière pour poser les trames.

La série s'est terminée au tome 27 mais pour lui, la fin effective n'était pas encore arrivée car il avait des chapitres hors-séries toujours en cours. Pendant la publication, le manga a subi un coup de moins bien en termes de popularité au sein du magazine, mais, même si cela lui a plombé le moral sous le coup, Ryuhei Tamura s'est repris en main pour essayer d'analyser ce qui n'allait pas et progresser pour satisfaire les lecteurs.

Il a déclaré ne pas avoir subi de pression de la part de son éditeur suite aux mauvais classements et encore moins pour accélérer la fin, qui a pris forme en fait au cours de la production.

Après Beelzebub, il a commencé à réfléchir à un autre projet de manga mais il n'y a encore rien de concret. Même s'il n'exclut pas une suite à Beelzebub, il souhaite d'abord lancer une toute autre histoire.

Je me souviens maintenant que j'ai quitté la séance au moment de la dédicace publique – il vous faudra donc regarder ailleurs pour voir le dessin Beelzebub – afin de rejoindre la conférence d'Ippei Kuri, qui se situait sur la scène 15 ans, quasiment à l'autre bout du salon.

Japan Expo 2014

Le professionnel, originaire d'Osaka, a commencé en tant que mangaka avant de suivre ses frères à Tôkyô pour y fonder le studio Tatsunoko.

Après la deuxième guerre mondiale, il n'imaginait pas le Japon pouvoir rivaliser avec les productions américaines que ce soit les Disney ou les Tom & Jerry. Cependant, sa vision a changé avec la production d'Astro le petit robot par Osamu Tezuka, qui propose une animation limitée pour un budget raisonnable mais aussi un épisode par semaine.

Les trois frères sont particulièrement séduits par le résultat, où l'histoire, les effets spéciaux et la musique complètent le tableau pour offrir un produit de bonne composition.

La famille a ainsi décidé de mettre leur argent dans un pot commun pour produire leur première série télévisée, Uchû Ace. Cependant, les frères ont largement sous-estimé les coûts de production et le studio Tatsunoko accumule un déficit abyssal. Heureusement, ils ont trouvé des sponsors pour les sortir de l'ornière, notamment la chaîne Fuji TV.

L'échange avec le public a porté sur plusieurs questions précises. Il a été demandé les origines du trio de vilains, avec une femme et deux larbins, qui apparaissent dans la première série de Time Bokan, puis dont le schéma est repris dans les volets suivants. En fait, le trio est une création complètement originale et pendant la production de la deuxième série, il a été décidé de reconduire une formation similaire du côté des méchants. Le concept est ainsi né et il a été bien accueilli par le public, donc répété dans les différentes séries de Time Bokan.

Japan Expo 2014

Pour l'adaptation de Judo Boy, une personne a demandé si le thème de la vengeance – un thème pionnier à l'époque pour la télévision -  n'était pas un choix difficile à destination d'un public jeune. Dans sa réponse, Ippei Kuri a parlé de cas de conscience à propos de ce sujet, mais il a mentionné l'évolution que prend le récit. La soif de vengeance de Sanshiro se transforme en une envie de devenir le meilleur au fil des rencontres. Même son duel avec son ennemi mortel prend une tournure plus noble, entre deux pratiquants des arts martiaux.

Quant à la diffusion de Gatchaman aux États Unis, son avis est mitigé. Il pensait honnêtement que la série allait être proposée telle quelle et ne s'attendait pas à un tel remontage. Cependant, c'était un moindre mal pour lui. Déjà, c'était important de pouvoir exporter des productions japonaises aux États Unis alors que le flux était traditionnellement dans l'autre sens. De plus, cela a permis de faire connaître l'animation japonaise à l'étranger.

Ippei Kuri a presque été plus sévère avec l'adaptation en 2008 de Speed Racer par les frères Wachowski. Il n'a pas grand-chose à reproché au film sur le plan visuel mais personnellement, il a eu l'impression d'être devant un jeu vidéo, sans avoir la possibilité d'influer sur le scénario, qui manquait d'un petit quelque chose pour mieux faire.

En ce qui concerne le studio Tatsunoko actuel, il a rappelé qu'il n'était plus aux affaires depuis quelques années et n'avait pas son mot à dire sur la direction que prenait l'entreprise. Dans une situation de santé fragile, où le studio doit privilégier l'aspect financier, les équipes ont beau être bourrées de talents, elles sont forcément bridées dans l'originalité de leur travail. Ippei Kuri leur souhaite d'avoir un hit financier afin d'avoir un peu plus d'oxygène et ainsi plus de liberté.

À 74 ans, il est revenu aux mangas et dessine des histoires pour ses petits enfants, avec des chiens et divers personnages inspirés par son entourage. Cela le repose des héros qu'il a du composer pendant qu'il était en poste chez Tatsunoko. Il a d'autres mangas en projet et il n'exclut pas de pouvoir participer à leur adaptation en anime si un tel projet a lieu et si sa santé leur permet encore.

Pour finir, Ippei Kuri a choisi comme thème Gatchaman pour sa dédicace publique.

Japan Expo 2014

Une exposition était consacrée aux travaux de l'artiste, dans un petit espace en marge du salon.

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

L'exposition Mushae, qui regroupe des illustrations de samouraï était mieux située et sur une surface qui paraissait plus importante. Plusieurs animateurs, mangaka et autres dessinateurs ont travaillé sur le thème du samouraï et Mamoru Yokoto a rassemblé le résultat dans cette exposition montrée d'abord au Japon et désormais en France.

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Le touche à tout de l'animation japonaise, à la fois producteur du film Air et character designer de Magical Canan, entre autres, avait fait le déplacement et dédicaçait le catalogue de l'exposition sur son stand.

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Un autre présentoir était consacré à Hatsune Miku, avec une représentation grandeur réelle de la chanteuse virtuelles, une belle série d'illustrations et des vitrines de produits dérivés.

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Enfin, la dernière exposition que je mentionnerai est celle consacrée aux 30 ans de Kimagure Orange Road. Un panneau imposant dans les airs indiquait, où elle se situait, à côté de celle sur Ippei Kuri, mais sa taille était toute aussi réduite, avec plusieurs reproductions des illustrations de l'auteur Izumi Matsumoto.

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Ce dernier a tenu sa conférence publique le dimanche après-midi, qui a pris la forme d'une masterclass géante mais sans aucune question du public. Le mangaka a présenté ses différents travaux et notamment ce qu'il a fait après la conclusion de son titre phare.

Japan Expo 2014

Un aspect de la conférence a été son rapport avec l'informatique à la fin des années 80, notamment pour la colorisation, où il est fier d'être un des premiers à avoir adopté Photoshop.

Après Kimagure Orange Road, Izumi Matsumoto a pu avoir plus de temps libre et amorcer d'autres mangas dont des titres de science fiction/cyber punk, des thèmes particulièrement à la mode à cette époque. Black Moon a été publié au format numérique et pour EE, l'auteur a conçu un CD Rom multimédia, avec de la musique et des animations. En regardant le résultat, cela a très mal vieilli mais c'était encore un exemple de ses essais à l'époque de Windows 95.

Japan Expo 2014

Japan Expo 2014

Sur Kimagure Orange Road en soi, peu de choses ont été dites, après une présentation sommaire, si ce n'est que la série était destinée à un jeune public et qu'Izumi Matsumoto a voulu toucher le marché des adultes, après la conclusion du manga. C'est par exemple Shin Kimagure Orange, où les personnages sont désormais des jeunes gens mais aussi des histoires inédites, plus coquines et d'ailleurs éditées dans le Super Jump, orienté seinen.

C'est dans ce magazine, qu'il a aussi prépublié Sesame Street, une nouvelle romance, avec le personnage de Karin, qui est en fait un erzatz d'Hikaru, la perdante dans le triangle amoureux de Kimagure Orange Road et qui, ici, devient l'héroïne qui parviendra à ses fins.

Japan Expo 2014

À la fin des années 1990, le mangaka a enchaîné sur un projet de manga historique qui coïncide avec l'ouverture forcée du Japon sur l'étranger avec l'arrivée du Commodore Perry et l'ouverture du port de Shimoda. Izumi Matsumoto a présenté quelques dessins de personnages, dont l'héroïne qu'il qualifie de Madoka d'il y a 150 ans.

Pour les besoins du manga, il est allé visiter Shimoda et a interviewé les personnages âgées sur place pour capter le plus d'information historique pour reproduire le plus fidèlement possible les lieux. Non seulement les journées étaient chargées mais aussi les soirées, pendant lesquelles le mangaka s'entretenait jusqu'à tard dans la nuit avec un vieux monsieur.

Japan Expo 2014

En continuant à ce rythme pendant un mois, l'auteur a fini par faire un malaise et un des nombreux symptômes de sa maladie qui l'a donc touché à partir de 1999. Pendant la conférence, nous avons appris le chemin de croix qu'il a du emprunter pour pouvoir être soigné correctement. À l'âge de 3 ans, il avait été victime d'un accident qui lui avait valu plusieurs jours de coma mais il s'en était sorti avant que son corps ne réagisse des années plus tard. La somme de tous les symptômes, de la migraine carabinée aux évanouissements, insomnies et autres, était telle qu'il a subi des examens cliniques dans tous les sens sans que les médecins n'arrivent au bon diagnostic. La conclusion a été même de le faire admettre en hôpital psychiatrique un moment donné.

Il a vécu 5 ans dans les chambres d'hôpital sans voir la moindre amélioration et a finalement décidé d'en sortir et c'est là, qu'il est tombé par hasard sur un article internet qu'il lui a permis de mettre un nom à sa maladie : Une fuite du liquide céphalo-rachidien, qui est responsable de ses maux. Les médecins ont confirmé  le diagnostic et depuis, Izumi Matsumoto peut suivre un traitement qui lui a rendu une vie plus agréable.

Japan Expo 2014

Les différents détails énoncés pendant la conférence n'étaient pas innocents et étaient en rapport avec le projet de manga autobiographique de l'auteur. En revanche, au lieux de s'apitoyer sur un homme qui a dépassé la cinquantaine, Izumi Matsumoto veut mettre en scène une jeune fille, Yayoi, qui connaît les mêmes symptômes que lui et qui éprouve des problèmes similaires, notamment des sentiments d'injustice et d'incompréhension. Le mangaka pense inscrire ensuite son histoire de ce manga Middle of the journey, dans un contexte de romance avec un nouveau triangle amoureux, mais avec une fille et deux garçons, Jun et Kazuka, cette fois-ci.

Pour conclure, Izumi Matsumoto a dessiné Madoka en guise de dédicace publique.

Japan Expo 2014

Discuter de ce billet sur le forum - - Laisser un commentaire »

Ajoutez votre commentaire:

Merci de bien vouloir soigner votre orthographe et de proscrire le style SMS.


Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

 

↑ Haut de page